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MORALE À NICOMAQUE.

notoires et bien claires. Les choses peuvent être notoires de deux façons : elles peuvent l’être, ou relativement à nous, ou d’une manière absolue. Peut-être nous faut-il commencer par celles qui sont notoires pour nous ; et voilà pourquoi des mœurs et des sentiments honnêtes sont la préparation nécessaire de quiconque veut faire une étude féconde des principes de la vertu, de la justice, en un mot, des principes de la politique.

§ 9. Le vrai principe en toutes choses, c’est le fait ; et si le fait lui-même était toujours connu avec une suffisante clarté, il n’y aurait guère besoin de remonter jusqu’à sa cause. Une fois qu’on a la connaissance complète du fait, ou l’on en possède déjà les principes, ou du moins on peut très-aisément les acquérir. Mais quand on est hors d’état de connaître ni le fait ni la cause, on doit s’appliquer cette maxime d’Hésiode :

« Le mieux est de pouvoir se diriger soi-même,
En sachant ce qu’on fait pour le but qu’on poursuit.
C’est bien encor de suivre un sage avis d’autrui.
Mais ne pouvoir penser et n’écouter personne,
Est l’action d’un sot que chacun abandonne. »

§ 10. Mais revenons au point d’où nous nous sommes écartés.