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MORALE À NICOMAQUE.

s’accomplir sans la raison. D’ailleurs quand nous disons que telle fonction est génériquement celle de tel être, nous entendons qu’elle est aussi la fonction de cet être bien développé, de même que l’œuvre du musicien se confond également avec l’œuvre du bon musicien. Et de même dans tous les cas sans exception, on ajoute toujours à l’idée simple de l’œuvre, l’idée de la perfection supérieure à laquelle cette œuvre peut être portée ; et par exemple, l’œuvre du musicien étant de faire de la musique, l’œuvre du bon musicien sera d’en faire de bonne. Si tout ceci est vrai, nous pouvons admettre que l’œuvre propre de l’homme en général est une vie d’un certain genre ; et que cette vie particulière est l’activité de l’âme, et une continuité d’actions que la raison accompagne ; nous pouvons admettre que dans l’homme bien développé toutes ces fonctions s’accomplissent bien et régulièrement. § 15. Mais le bien, la perfection pour chaque chose varie suivant la vertu spéciale de cette chose. Par suite, le bien propre de l’homme est l’activité de l’âme dirigée par la vertu ; et s’il y a plusieurs vertus, dirigée par la plus haute et la plus parfaite de toutes. § 16. Ajoutez encore que ces conditions doivent être remplies durant une vie entière et complète ; car une seule hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu’un seul beau jour ; et l’on ne peut pas dire davantage qu’un seul jour de bonheur, ni même