Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/451

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LIVRE I, CH. VI, § IG. 30

il n'est pas facile de faire le bien quand on est dénué de tout ; pour une foule de choses, ce sont des instruments indispensables que les amis, la richesse, l'influence poli- tique, g 15. n est d'autres choses encore, dont la privation altère le bonheur des hommes à qui elles manquent : la noblesse, une heureuse famille, la beauté. On ne peut pas dire qu'un homme soit heureux quand il est d'une diffor- mité repoussante, s'il est d'une mauvaise naissance, s'il est isolé et sans enfants ; encore moins peut-être peut-on dire d'un homme qu'il soit heureux, s'il a des enfants ou des amis complètement pervers, ou si la mort lui a enlevé les amis et les enfants vertueux qu'il possédait.

§ 16. Ainsi donc, nous le répétons, il semble qu'il faille encore pour le bonheur ces utiles accessoires ; et voilà pourquoi l'on confond souvent la fortune avec le bonheur, comme d'autres le confondent avec la vertu.

��g 15. Il est d'autres choses encore, en faire !e but suprême de la vie, du

C'est dévier de plus en plus de la moment qu'on le comprend ainsi ,

vérité, que d'accumuler les condi- tout en le confondant partout avec la

tions du bonheur. Ce n'est plus le vertu.

gens où Aristote semblait d'abord le g 16. Ces utiles accessoires. Plus

comprendre ; c'est le sens où le vul- haut Aristote semblait les proscrire ;

gaire le comprend. L'idée n'est pas ou du moins, il supposait que le

fausse sans doute, et le bonheur est bonheur pouvait s'en passer. Lacon-

blen en effet au prix de toutes ces tradiclion est évidente, et l'on peut la

conditions ; seulement il ne faut pas trouver assez grave.

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