Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/478

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porte. § 2. 11 n’en faut pas davantage pour montrer clairement qu’il n’est pas une seule des vertus morales qui soit en nous naturellement. Jamais les choses de la nature ne peuvent par l’effet de l’habitude devenir autres qu’elles ne sont : par exemple, la pierre, qui naturellement se précipite en bas, ne pourrait prendre l’habitude démonter, essayât-on en la lançant un million de fois de lui imprimer cette habitude. Le feu ne se portera pas davantage en bas ; et il n’est pas un seul corps qui puisse perdre la propriété qu’il tient de la nature, pour contracter une habitude différente.

§ 3. Ainsi les vertus ne sont pas en nous par l’action seule de la nature , et elles n’y sont pas davantage contre le vœu de la nature ; mais la nature nous en a rendus susceptibles, et c’est l’habitude qui les développe et les achève en nous. § 4. De plus, pour toutes les facultés que nous possédons naturellement, nous n’apportons d’abord que le simple pouvoir de nous en servir, et ce n’est que

que le premier s’écrit par un e bref et le second par un e long. J’ai tâché de reproduire cette identité par les deux mots de mœurs et de morale; mais ils ne sont pas tout à fait dans le même rapport. Ces idées sont répé- tées presque mot pour mot dans la Grande Morale et la Morale à Eu- dème, loc. cit. § 2. Qui soit en Jiotis naturelle- ntcnf. Je ne trouve pas que cette dis- tinction entre les vertus morales et les vertus intellectuelles soit bien exacte. Les vertus intellectuelles ne nous sont pas non plus données par la nature, puisque Aristote convient que pour les former, il faut de l’expérience et du temps. Pour les unes comme pour les autres, il semble que la nature ne nous donne que les germes, et qu’il dépend de nous de les développer ou de les laisser périr, — Les choses de la nature. Ceci est vrai pour les phénomènes naturels qui sont nécessaires ; mais ce ne l’est plus pour l’homme qui est doué de liberté. Aristote re\ient du reste à la vérité un peu plus bas.

§ 3. La nature nous en a rendus smceptibtcs. Cette théorie contredit en partie la précédente, comme on peut le voir.