Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/51

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pas, mais elle est loin aussi de le ravilir ; elle le soumet h une loi bienIV.isanle et sage, tout en recon- naissant sa liberté, si ce n'est son indépendance. En un mot, elle peut le sauver, s'il consent à la suivre. Mais la science ne se fait pas illusion. Si elle sent son importance, elle sent non moins vivement ses bornes ; et comme elle peut à peine éclairer quelques individus, elle ne se flatte pas de l'orgueilleuse pré- tention de gouverner les peuples. Cependant il ne peut y avoir deux lois morales, et il est bien évident que la politique est soumise aux mêmes conditions que la morale individuelle ; les principes ne changent pas pour s'appliquer à une nation. Mais dans ces grands corps, qui renferment des multitudes innom- brables, et qui ont des ressorts si coiiipliqucs, la vie morale est bien plus confuse et bien plus diflicile que sur cette scène étroite de la conscience. La poli- tique ne s'est guère élevée jusqu'à présent au- dessus de l'intérêt ; et elle n'a presque jamais porté ses regards dans une région plus haute. Servir <à tout prix, même au prix de la justice et du bien, la nation cfii'on commande, c'est-à-dire accroître sa force, sa puissance, sa richesse, sa sécurité, son honneur, tel est le but habituel des hommes d'État. C'est à l'alleindre qu'ils consacrent leur génie et

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