LIVRE III, CH. II, § 12. 11
par force majeure ou par ignorance, l’acte volontaire semblerait être l’acte dont le principe est dans l’agent lui- même, qui sait en détail toutes les conditions que son action renferme, § 9. Ainsi, l’on ne peut pas à bon droit appeler involontaires les actes que nous font faire la colère et le désir. § 10. Une première raison, c’est que, ceci admis, il en résulterait qu’aucun être autre que l’homme n’agirait volontairement, pas même les enfants. § 11. Peut-on dire vraiment que nous ne faisons jamais rien de notre pleine et libre volonté, dans les choses de colère ou de désir? Ou bien doit-on faire ici une distinction et prétendre qu’alors nous faisons le bien volontairement, et que nous faisons le mal contre notre volonté ? Mais ne serait-il pas ridicule d’admettre cette distinction, puis- qu’il n’y a ici qu’un seul et même agent qui cause tous ces actes? § 12. D’une autre part, ce serait peut-être une grave erreur que d’appeler involontaires des choses que l’on doit souhaiter d’avoir. Par exemple, n’y a-t-il pas certains cas où il faut savoir se mettre en colère ? N’y
ment, par opposition, de la définition prise Aristolc, bien qu’elle obscur-
de rinvolontaire. Aristotc a mieux cisse un peu la pens6e. — Veut-on
fait du reste de commencer par cette faire ici tnu distinction. Je crois
dernière qui est plus frappante. qu’Aristote a ici en vue la fameuse
§ 9. La colère et le désir. Parce théorie de Platon, qui soutient que le
qu’en effet nous pouvons toujours, mal est toujours involontaire, si nous avons l’habitude de nous § 12. Des choses que l’on doit
maîtriser, les dominer l’un et l’autre, souluiiter d’tiroir. L’argument ne
§ 10. Ceci admis, il en rcsiille- semble pas très-juste. Il y a des
niit. L’expression d’Aristote est fort choses (iu’on peut souhaiter d’avoir
concise’ ; j’ai dû la paraphraser pour et qui sont en dehors de notre vo-
rendrc la pensée plus claire. lonté, le génie, la beauté, etc. Il faut
S 11. Peut-on dire vraiment. J’ai ajouter, « et (pii dépendent de
suivi la fortaie interrogative , qu’a nous. »