Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/614

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vaut est une petite âme, soit qu’en effet ayant un grand jnérite ou un mérite médiocre, et même si l’on veut sim- plement , n’ayant qu’un très-mince mérite , il le place encore au-dessous de sa valeur réelle. Mais c’est surtout si l’on vient à se méconnaître, quand on est plein de mérite, que se montre la petitesse d’âme ; car ferait-on autrement, si de fait l’on n’était pas capable des choses les plus importantes? § 5. Le magnanime est dans l’extrême par sa grandeur même ; mais il est dans le juste-milieu, parce qu’il est comme il doit être ; il s’estime à sa juste valeur, tandis que les autres au contraire pèchent soit par excès soit par défaut.

§ 6. Si donc on se sent un grand mérite qui est réel, et surtout si l’on se sent le plus grand mérite, on ne doit avoir qu’une seule chose en vue ; et la voici : la juste récompense du mérite devant s’entendre des biens extérieurs, le plus grand de tous ces biens doit être à nos yeux celui que nous attribuons aux Dieux mêmes, celui que par -dessus tous les autres ambitionnent les gens revêtus des plus hautes dignités, celui qui est la récompense des actions les plus éclatantes ; et ce bien-là, c’est l’honneur. L’honneur sans contredit est le plus grand de tous les biens extérieurs à l’homme. Ainsi, le magnanime sera exclusivement occupé dans sa conduite de ce qui peut procurer l’honneur, ou causer le déshonneur,

§ 5. Dans l’extrême... dans le § 6. Ce bien là, c’est l’hontietir. juste milieu. Il n’y a rien de contra- Parmi les biens extérieurs, il n’y a pas «lictoirc dans ces deux assertions ; et de plus haute récompense que celle- là théorie générale d’Aristote trou\e là. Le magnanime n’en a pas moins jiour la magnaniniilé une application d’ail’eurs toutes celles que la cons- Ibrl exàclr. cienco peut donner, et qui sont en-