Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/699

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LIVRE V, CH. IX, § 9. 177

ce qu'il ne croit pas bien ; mais l'intempérant fait précisé- ment ce qu'il croit qu'on ne doit pas faire.

,^ 7. On n'éprouve pas une injustice, un tort, parce qu'on donne son propre bien inconsidérément, comme Homère dit que Glaucus donna le sien à Diomède, en échangeant :

(( De l'or pour de l'airain, cent bœufs contre neuf bœufs. »

Dans ce cas, donner ne dépend que de celui qui donne; mais souffrir une injustice ne dépend pas de celui qui la souffre, et il suffit qu'il y ait quelqu'un qui la commette sciemment.

§ 8. On voit donc en résumé que ce n'est jamais volon- tairement que l'on éprouve une injustice.

Des questions que nous nous étions posées, il nous en reste encore deux à traiter et les voici : c'est de savoir qui a tort, ou de celui qui donne à quelqu'un plus qu'il ne mérite, ou de celui qui reçoit plus qu'il ne lui est dû ; et en second lieu, c'est de savoir si l'on peut se faire du tort à soi-même. § 9. Si le premier tort dont on vient de parler est possible, et si celui qui donne plus qu'il ne faut est seul coupable, et non pas celui qui reçoit plus qu'il ne lui revient, il s'en suit que, quand en toute connaissance de cause et par un acte de libre volonté, on donne à quel-

��§ 7. Homère. Iliade, chant VI, fait bien de l'en tirer expressément.

\. 236. — En échangeant. Son — El en second lieu. Il semble que

armure contre celle de son adver- celte seconde question vient d'être

saire. traitée. Aristote y reviendra plus

§ 8. On voit donc en résumé. Cette longuement au chapitre onzième,

conclusion ne ressort pas très-claire- Voir la Dissertation préliminaire,

ment de ce qui précède ; et Aristote où ce point est traité.

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