Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/878

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semble beaucoup à celle que des camarades forment entr'eux. Les cousins et les parents à d'autres degrés n'ont d'attachement réciproque que grâce à cette souche commune d'où ils sortent, c'est-à-dire qui leur donne les mêmes parents. Ceux-ci deviennent plus intimes, ceux-là plus étrangers, selon que le chef de la famille est pour chacun d'eux plus proche ou plus éloigné.

§ 5. L'amour des enfants envers les parents, et des hommes envers les Dieux, est comme l'accomplissement d'un devoir envers un être bienfaisant et supérieur. Les parents et les Dieux nous ont donné les plus grands de tous les bienfaits; ce sont eux qui sont les auteurs de notre être ; ils nous élèvent, et après notre naissance, ils nous assurent l'éducation. § 6. Si d'ailleurs cette affection des membres de la famille leur procure en général plus de jouissance et d'utilité que les affections étrangères, c'est que la vie est plus commune entr'eux. On retrouve dans l'affection fraternelle tout ce qui peut se trouver dans l'affection qui lie des camarades ; et j'ajoute qu'elle est d'autant plus vive, que les cœurs sont plus honnêtes, et en général se ressemblent davantage. On s'aime d'autant mieux l'un l'autre, qu'on est habitué à vivre intimement ensemble dès la plus tendre enfance, qu'étant

��§ 5. L'amour des hommes envers ploie iciAristote. Voir aussi un peu

les Dieux. On peut Uouver que cette plus loin, ch. li. Ces belles idées

théodicée qui se rapproche beaucoup sont reproduites dans la Morale

de la théodicée Platonicienne, est à Eudème,

fort au-dessus des théories du XIP § 6. Celte affection des membres

livre delà Métaphysique. Il est difli- de la famille. On ne peut expliquer

cile de parler en termes plus grands a\ec plus de délicatesse et de solidité

de la bonté de Dieu, que ceux qu'em- le sentiment de la famille.

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