LIVRE IX, CH. IV, § 7. 385
pas sans cesse d'un objet à un antre. Son cœur n'a jamais à se repentir, si l'on peut ainsi parler. Comme l'homme de bien est toujours envers lui-même dans ces disposi-' tions, et qu'on est à l'égard d'un ami comme on est envers soi personnellement, l'ami étant un autre nous-mêmes, il s'en suit que l'amitié semble se rapprocher beaucoup de ce que nous venons de dire, et qu'on doit appeler amis ceux qui sont dans ces relations réciproques.
§ 5. Quant à la question de savoir s'il y a ou s'il n'y a pas réellement amour de soi envers soi-même, pour le moment nous la laisserons de côté. Nous nous bornerons à dire qu'il y a certainement amitié toutes les fois que se rencontrent deux ou plusieurs des conditions que nous avons indiquées; et que, quand l'amitié est extrême, elle ressemble beaucoup à l'affection qu'on éprouve pour soi- même.
§ 6. Ces conditions, du reste, peuvent se montrer chez le vulgaire des hommes, et même parmi les méchants. Mais n'est-ce pas qu'alors ils ne réunissent encore ces conditions qu'autant qu'ils se plaisent à eux-mêmes, et qu'ils se croient honnêtes? Car jamais ces affections ne se produisent et ne paraissent même se produire chez les gens absolument pervers et criminels, g 7. On peut
��§ 5. Amour de soi pour soi-même, tion aurait dû trancher pour lui le
Ce phénomène psychologique est cer- débat. ■ — Nous la laisserons de
laiuement fort étonnant; mais il n'en côté. Je ne crois pas qu'Aristole soit
est pas moins réel ; et il est donné jamais revenu sur cette question, du
à riiomme de s'aimer lui-même dans moins dans les ouvrages qui nous sont
une mesure plus ou moins forte, restés de lui. — Que nous avons indi-
conime il lui est donné de se haïr, </mcVs. Au déçut même de ce chapitre,
ainsi qu'Aristote le remarque un peu § 6. Ces conditions. Même re-
|ilus bas. Cette dernière considéra- marque.
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