Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/152

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c’est toujours dans ce qui est plus difficile, que consiste l’art et la vertu ; car c’est en cela que le bien est véritablement mieux[1] ; et, par cette raison, tout ouvrage qui traite de la vertu ou de la politique, n’est, au fonds, qu’un traité des peines et des plaisirs : car l’homme vertueux est celui qui sait en faire un bon usage, et le vicieux, celui qui en fait un mauvais. Nous avons donc suffisamment fait voir jusqu’ici que la vertu consiste dans les peines et dans les plaisirs ; qu’elle s’accroît par les mêmes causes qui la font naître ; et qu’elle se corrompt ou se dégrade, quand ces causes n’agissent pas de la même manière ; qu’en un mot, elle produit des actes conformes aux causes qui l’ont fait naître.

IV. On pourrait demander ce que nous voulons dire quand nous affirmons qu’on devient juste en pratiquant la justice, et raisonnable en agissant conformément à la raison : car, enfin, agir d’une manière conforme à la raison et à la justice, c’est déjà être raisonnable et juste ; de même que c’est être grammairien ou musicien, que de pratiquer les règles de la grammaire ou celles de la musique ;

    fie même sa vie. » Ici Aristote semble faire dire à Héraclite qu’il est plus difficile de résister à la volupté qu’à la colère ; et j’ai cru pouvoir profiter des observations de Mr Coray sur cet endroit du texte, pour rendre à l’écrivain grec sa véritable pensée.

  1. C’est-à-dire, qu’il y a plus de mérite à bien faire ce qui est difficile, que ce qui est facile.