Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/246

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les constructions pieuses, et, en général, tout ce qui regarde la religion, et tout ce qui se fait pour le public, par un sentiment d’ambition bien placé, comme on le voit dans ceux qui croient devoir faire de grandes dépenses, soit pour les solennités des jeux, pour l’équipement des vaisseaux de guerre, ou pour les repas qu’ils donnent au peuple.

Mais, dans tous ces cas, comme je l’ai dit, on considère dans celui qui fait de pareilles dépenses, qui il est, et quelle est sa fortune ; car il faut qu’elle y soit proportionnée, et qu’il y ait convenance, non-seulement des moyens à l’entreprise, mais aussi à celui qui s’en charge. Aussi un homme pauvre ne saurait-il jamais être magnifique ; car il n’a pas de quoi faire convenablement des dépenses considérables ; et s’il l’entreprend, il sera un insensé, puisqu’il agira contre la convenance et la véritable dignité, tandis que la vertu consiste à agir raisonnablement. La magnificence n’est donc placée que dans ceux qui ont par eux-mêmes, ou qui ont reçu de leurs ancêtres, ou qui tiennent de ceux avec qui ils ont quelque lien de famille, des moyens suffisants : tels sont les hommes distingués par leur naissance, par des actions d’éclat, ou qui sont dans telle autre semblable situation, où la grandeur et la dignité se trouvent réunies. Tel est donc essentiellement le magnifique, et telle est la nature des dépenses qui constituent la magnificence, comme on l’a dit ; car elles sont, en effet, très-considérables et très-honorables.

Mais, en fait de dépenses particulières, on peut