Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/267

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nifester du mécontentement et de l’indignation dans les choses qui le méritent, et de la manière qui convient, est digne d’éloges.

Cependant, on n’a point donné de nom particulier à ce caractère, qui semble avoir quelque ressemblance principalement avec la bienveillance ou l’amitié[1]. Car celui qui est dans cette disposition d’esprit, qui tient le juste milieu, a précisément le degré d’obligeance et de convenance que je veux dire. Il ne faut qu’y joindre une affection vive et tendre pour en faire le sentiment de l’amitié. Cependant elle en diffère par l’absence de cette affection tendre envers ceux avec qui l’on a des relations, car ce n’est ni par amour, ni par haine qu’on se détermine à prendre les choses comme il convient, mais simplement parce qu’on a le caractère dont je parle ici, et l’on sera disposé à agir de même à l’égard des gens inconnus, et à l’égard de ceux qu’on connaît ; envers, ceux avec qui l’on vit familièrement, comme envers ceux avec qui l’on n’a jamais eu aucun rapport. Seulement, on observera les convenances, envers chacun : car lorsqu’il y a lieu de témoigner de l’intérêt, ou du mécontentement, on s’y prend autrement avec ceux qu’on fréquente habituellement, qu’avec des étrangers[2].

  1. Ailleurs, (voyez la note précédente)il ajoute « que ce caractère a une sorte de gravité ou de dignité. »
  2. Voyez ce que dit, à ce sujet, Cicéron, dans son Traité des Devoirs (l. i, c. 17.), où il examine avec quelque détail les différents rapports qui unissent les hommes dans la société, et l’espèce de sentiments qui en résultent naturellement.