Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/316

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mais il n’y en a qu’une seule qui soit partout conforme à la nature, et la meilleure. Au reste, tout ce qui mérite le nom de juste et de légal est [par rapport à nos actions] comme le genre par rapport aux individus ; car le nombre des actions est infini : mais chaque action [juste ou légale] est une, puisqu’elle appartient [comme telle] à une classe générale.

Mais il y a de la différence entre l’injuste [en soi, ou proprement dit], et l’acte injuste, et entre le juste et l’acte de justice ; car l’injuste est tel par sa nature, ou par le fait d’une institution ; et ce qui a ce caractère, quand on l’a fait, est un acte injuste : mais avant qu’on l’ait fait, il n’est pas encore [un acte], mais il est injuste ; et il en est de même d’un acte de justice. Au reste, on désigne plus généralement par le mot δικαιοπράγημα un acte particulier de justice ; et le mot δικαίωμα exprime la réparation d’un acte injuste. Mais j’examinerai, dans la suite, en détail quelles sont les espèces dans chacun de ces genres, combien il y en a, et à quels objets elles se rapportent.

VIII. Les actions justes et injustes étant celles que nous venons de dire, on pratique la justice, ou on commet l’injustice, quand on les fait volontairement ; mais quand on agit involontairement, on ne fait une action juste, ou un acte d’injustice, que par accident ; car on a simplement fait des actions qui se trouvent être justes ou injustes. C’est donc ce qu’il y a de volontaire et d’involontaire qui constitue la pratique du juste, ou l’acte injuste ;