Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/336

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comme l’art, aux choses contingentes, mais elle n’est ni un art, ni une science : elle est une habitude d’appliquer la raison aux actions dont le résultat s’évanouit à mesure qu’elles ont lieu ; c’est-à-dire, aux affaires humaines, comme la politique, l’économie domestique, etc. Elle est une vertu de cette partie de l’ame où se trouve l’opinion. — VI. La connaissance des principes ne peut être ni le produit de la science (car la science se fonde sur cette connaissance), ni celui de l’art, qui n’a de rapport qu’aux choses contingentés.Elle ne peut pas être le produit de la prudence et de la sagesse, à peu près par la même raison. La connaissance des principes appartient donc proprement à l’esprit, ou à l’intelligence. — VII. La sagesse (ou l’habileté, c’est-à-dire, la supériorité dans quelque genre que ce soit) Supposé à la fois l’intelligence et la science, portées à un très-haut degré de perfection. La sagesse s’applique plus aux choses ou aux vérités générales et nécessaires, au lieu que la prudence est plutôt relative aux choses particulières et contingentes. Voilà pourquoi la sagesse est supérieure à la politique ; elle est-ce qu’il y a naturellement de plus admirable et de plus précieux parmi les hommes. La prudence est une vertu éminemment pratique ; elle est ; dans la vie, comme un art qui en dirige plusieurs autres qui lui sont subordonnés. — VIII. La prudence qui dirige les ressorts généraux de la société civile, c’est la législation ; celle qui dirige les détails de l’administration, est plus proprement la politique. Les jeunes gens peuvent devenir habiles dans les mathématiques, dans les sciences naturelles ; les enfants même peuvent, jusqu’à un certain point, S’appliquer à ces connaissances ; mais ni les uns ni les autres ne peuvent acquérir la sagesse ou la prudence. Celle-ci a pour objet une résolution définitive qu’il s’agit de prendre et d’exécuter : elle est l’effet d’une manière de sentir juste et conforme au vrai. — IX. Une sage résolution (effet de la prudence) n’est ni une science, ni une opinion, ni une heureuse rencontre ; elle est le produit de la réflexion, et consiste dans une certaine rectitude d’esprit appliquée aux sujets sur lesquels on délibère ; appliquée surtout à ce qui est utile et avantageux, et à la re-