Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/43

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et il en est plusieurs qu’il a parfaitement développés. Il insiste surtout sur la règle négative de ne pas commettre d’injustice, de ne jamais faire de mal, même à ses ennemis. Mais le principe général qui domine plus particulièrement dans cette partie de ses écrits, c’est le respect pour la raison, la prééminence qu’il veut qu’elle obtienne constamment sur toutes nos affections, nos désirs ou nos passions[1].

L’un des principaux mérites de la doctrine morale de Platon est dans la supériorité de raison et dans l’admirable éloquence avec laquelle il combattit les doctrines perverses des sophistes, dans ces éloquents et ingénieux dialogues où il les met aux prises avec Socrate, qu’il y représente toujours comme l’interprète de la vérité et de la vertu. Pour favoriser de tout leur pouvoir les vues ambitieuses de ceux qui payaient généreusement leurs leçons, les sophistes avaient entrepris d’anéantir toute idée de justice ou de devoir, fondée sur la nature morale de l’homme ; et, suivant eux, il n’y avait de juste et d’honnête que ce que la loi déclarait tel. La conséquence d’un pareil principe était facile à déduire, et singulièrement favorable aux prétentions de tous ceux qui aspiraient à la domination, car il ne s’a-

  1. Voyez, entre autres, le début éloquent du 5e livre des Lois.