Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/53

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frappé, et que l’ensemble des considérations sur ce sujet ne se présentât pas désormais à l’esprit comme un objet distinct et de la plus haute importance. Aristote[1] avait long-temps écouté les leçons d’un si habile maître, il avait vécu dans un commerce presque habituel avec lui ; doué d’un génie non moins pénétrant que celui de Platon, mais avec une raison plus exacte, précisément parce que son imagination était moins vive, il avait dû naturellement voiries mêmes objets sous des points de vue un peu différents ; et, partant du point où ses devanciers avaient laissé la science, il était naturel aussi qu’il la portât, sous quelques rapports, plus loin qu’ils n’avaient fait. Il sentit donc le besoin de se rendre compte à lui-même de ses propres idées sur un sujet aussi important, de discuter les opinions qu’il trouvait généralement admises et de rattacher à cette discussion les vues qui lui étaient propres. Ce fut probablement ce qui lui donna occasion d’écrire son traité de morale, le premier ouvrage, à notre connaissance, où ce genre de considérations ait été présenté d’une manière suivie et dégagée de toutes celles avec lesquelles il a des rapports plus ou moins duvets ; mais dans lequel Aristote, en séparant la morale de la politique,

  1. Né à Stagyre, ville de Macédoine, l’an 384, et mort l’an 322 avant J.-Ch.