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CHAP. III. 37

quoi la science de la richesse semble plus spécialement relative à l’argent monnayé, et son principal but est d’aviser aux moyens de s’en procurer une grande quantité ; car c’est là proprement ce qui produit l’opulence et les grandes fortunes.

16. En effet, on considère communément comme richesse l’abondance des métaux monnayés, parce que cette abondance est le but de la science de la richesse, et de celle du commerce. D’un autre côté, l’on regarde quelquefois la monnaie, et en général les lois qui l’établissent, comme une chose tout-àfait illusoire, et sans aucun fondement dans la nature ; parce que, si ceux qui en font usage venaient à faire d’autres conventions, la monnaie n’aurait plus aucune valeur, et ne pourrait plus servir à la satisfaction d’aucun besoin : en sorte qu’un homme très-riche en métaux monnayés pourrait manquer des aliments nécessaires à la vie. Or, c’est une étrange richesse que celle dont le possesseur, quelle que soit la quantité qu’il en a, pourrait être exposé à mourir de faim ; comme ce Midas dont parlent les fables, et qui, en punition de son avarice sans bornes, voyait se changer en or tous les mets qu’on lui présentait.

17. Aussi est-ce avec raison que l’on doute s’il n’y a pas quelque autre richesse, et quelque autre science de la richesse ; mais il y en a, en effet, une autre, qui est conforme à la nature (1), c’est la

(1) Ce mot nature a été pour les philosophes anciens et modernes l’occasion d’une infinité de logomachies…Si, dans les