Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/127

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d’argent, il fit bien voir qu’il serait facile aux philosophes de s’enrichir s’ils le voulaient, mais que ce n’est pas à cela qu’ils s’appliquent (1).

6. Telle est donc la manière dont on raconte que Thalès fit montre de son habileté ; mais c’est, comme je l’ai dit, un genre de spéculation fort ordinaire, quand on est à portée de se ménager quelque monopole ; aussi y a-t-il des gouvernements qui ont recours a cette ressource, quand ils manquent d’argent, et qui s’attribuent le monopole ou la vente exclusive des denrées.

7. Il y eut aussi en Sicile un homme qui employa l’argent qu’on avait déposé chez lui à acheter tout le fer qui provenait des mines, et qui ensuite, lorsque les négociants vinrent de tous les marchés pour s’approvisionner, se trouva seul dans le cas de leur en vendre. Sans même augmenter beaucoup le prix ordinaire, il ne laissa pas de faire un bénéfice de cent talents, sur cinquante qu’il avait avancés.

8. Cependant Denis ayant été informé de ce fait lui permit à la vérité d’emporter son argent, mais il lui défendit de demeurer plus longtemps à Syracuse, comme ayant imaginé, pour s’enrichir, un

(1) Cicéron (De Divinat., l. 1, c. 49) rapporte la même anecdote en ces termes : Qui (Thales scil. ) ut objurgatores suos convinceret, ostenderet que etiam philosophum, si ei commodum esset, pecuniam facere posse, omnem oleam, antequam florere coepisset, in agro Milesio coemisse dicitur. Animadverterat fortassé quâdam scientiâ olearum ubertatem fore.