Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/71

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elle n’est pas secondée par la nature des choses et par la disposition générale des esprits. L’empire romain fut gouverné, pendant quatre-vingts ans, par des monarques dont les talents et les vertus lui procurèrent quelque repos, au milieu des angoisses de sa longue agonie ; mais, après la mort du dernier et du plus vertueux d’entre eux, tout se trouva préparé pour le règne d’un monstre tel que Commode. Ainsi, la philosophie ne peut presque rien pour le bonheur des sociétés humaines, au moins dans le sens de la fameuse maxime de Platon ; mais les philosophes sont sans doute les bienfaiteurs de l’humanité, lorsqu’ils remplissent la tâche à laquelle ils sont appelés, c’est-àdire, lorsqu’ils découvrent et propagent, en quelque genre que ce soit, des vérités utiles.

Sous ce rapport même, ils n’ont presque aucun point de contact immédiat avec les intérêts politiques qui s’agitent autour d’eux, aucune influence directe sur l’état actuel des gouvernements sous lesquels ils vivent. Leurs théories les plus sages, leurs arguments les plus convaincants, sont aussi impuissants contre la force qui emporte les états dans une fausse route, que les sophismes de leurs antagonistes le sont pour accroître et soutenir cette même force. Ceux qui en disposent, quand ils ne sont pas aveuglés par des préventions ou par des animosités particulières, le savent très-bien, et n’en suivent lxx