Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/85

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sont déterminés par la nature des lieux, et les autres circonstances de l’existence. En général, on voit que d’abord la nature a préparé aux diverses espèces d’animaux, et surtout à l’homme, un fonds de subsistance pour sa nourriture, et l’on peut même dire qu’elle a tout fait, sous ce rapport, en vue de l’espèce humaine. Au reste, l’art de se procurer les ressources nécessaires à la vie a des limites ; mais l’art de la richesse, proprement dit, n’en a point. La multiplicité des besoins et des moyens de les satisfaire a donné lieu d’abord aux échanges directs, et ensuite à l’invention de la monnaie, comme moyen indirect et universel des échanges. Dès lors il existe une autre science de la richesse : celle qui tend à acquérir le plus qu’il est possible d’or et d’argent monnayés. Cette espèce de richesse est infinie et illimitée, et la science qui la concerne diffère essentiellement de l’économie, quoiqu’on les confonde souvent. L’économie est louable et nécessaire, et conforme à la nature ; la science ou l’art de la richesse, qui a uniquement le trafic pour objet, est blâmée avec raison, comme contraire à la nature. Par cette raison, l’usure (ou le prêt à intérêt) est enveloppée dans la même condamnation.—IV. La connaissance pratique de l’agriculture, l’expérience de tous les genres d’exploitation des produits que donne la terre, sont les principales parties de l’art de la richesse. Quant à celui qui a les échanges pour objet, c’est le trafic ou négoce qui le constitue essentiellement, et il est bon d’en connaître les diverses espèces, transport par mer ou par terre, vente ou étalage, etc. Il est utile également de savoir apprécier la nature et les effets des divers genres de travaux ou d’industrie ; mais ces sujets ont déjà été traités par divers auteurs, ainsi que les différents moyens ou expédients à l’aide desquels on peut acquérir des richesses, comme le monopole, ou le commerce exclusif de certaines denrées. Aussi plusieurs habiles politiques se sont-ils spécialement occupés de ce genre de connaissances.—V. Des rapports de subordination relative étant établis entre les hommes, à raison des différences de sexe, d’âge, de condition, etc., quoiqu’on prétende que l’égalité entre eux est du fait même de la nature, il s’ensuit qu’on doit 4