Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/101

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Grec à se donner cette jouissance sérieuse, qui coûtait alors fort cher. On en dit autant de Pisistrate, un peu antérieur à Polycrate, et qui aurait rendu publique la bibliothèque qu’il avait fondée à Athènes, adoucissant le peuple par cette flatterie intelligente, comme par tant d’autres. Les témoignages qui nous attestent ces faits sont assez tardifs, puisque l’un est d’Athénée et l’autre d’Aulu-Gelle ; mais je ne vois pas de motif de les révoquer en doute. Par l’Égypte, Polycrate recevait un exemple qu’il était facile d’imiter, comme je le dirai plus loin ; et il pouvait appliquer cet exemple aux auteurs qui charmaient, depuis Homère, toute cette population des côtes, si sensible aux plaisirs de la poésie et aux leçons de la science. Quant à Pisistrate, il est certain que, s’il n’a pas ouvert de bibliothèque au public, il avait du moins des livres, et qu’il s’en occupait personnellement avec une attention toute politique. Plutarque raconte, dans la vie de Thésée, que Pisistrate retrancha dans Hésiode un vers qui pouvait blesser la vanité nationale des Athéniens, et qu’il en ajouta un au contraire dans Homère pour leur faire plaisir. Ces retranchements, ces additions, comment était-il possible de les faire ? Uniquement, parce qu’on avait des copies de ces poèmes, où l’on pouvait à son gré opérer des changements qu’on croyait utiles.