Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ainsi les Perses eux-mêmes, du temps de Darius, font usage des lettres aussi aisément que les Grecs plus policés et plus instruits qu’eux. Le Grand roi envoie ses ordres officiels dans toutes les parties de son vaste empire, et ses ordres sont écrits avec les mêmes formes et sur les mêmes matières qu’ils pourraient l’être encore aujourd’hui dans ces contrées peu civilisées.

Lorsque Pausanias, suspect aux Grecs et détesté des alliés, prend la résolution de trahir la noble cause qu’il avait tant servie à Platée, il entre en correspondance avec Xerxès, et dans la lettre qu’il lui fait tenir, il lui offre de lui soumettre Sparte et le reste de Grèce. Xerxès accepte les ouvertures du traître ; et lui écrivant de sa propre main, il lui fait remettre la lettre par Artabaze, satrape de Dascylitis. Les Éphores, soupçonnant l’infamie de leur roi, lui écrivent et le somment de revenir de la Troade à Sparte, pour y rendre compte de sa conduite. Pausanias, qui n’ose encore désobéir, se rend à l’injonction ; et il n’en continue pas moins la correspondance criminelle. Mais l’homme qu’il a chargé d’une nouvelle lettre, craint pour sa propre sûreté, parce qu’il sait qu’aucun de ceux qui ont été chargés de ces messages avant lui n’est revenu de sa mission. Il ouvre les lettres qu’il porte, après avoir contrefait le cachet pour les refermer, s’il se trompe