Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/15

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tient en effet une telle place qu’on a pu lui faire cet honneur insigne d’associer son nom à ce grand événement. Mais Socrate, modeste comme il l’était, n’eût pas accepté cette gloire ; il savait mieux que personne qu’avant lui il y avait déjà près de deux siècles que la philosophie s’essayait, quand il lui donna la force et le charme qui depuis lors ne l’ont plus quittée. Ce n’est pas à Athènes que la philosophie est née ; c’est dans l’Asie-Mineure ; car à moins de rayer de l’histoire les premiers des grands noms que je viens de rappeler, il faut reculer cet événement de deux cents ans environ ; le progrès inauguré par Socrate était une continuation ; ce n’était pas une initiative.

Toutes les origines sont nécessairement obscures ; on s’ignore toujours soi-même au début, et la tradition pour ces premiers temps est incertaine, comme les faits eux-mêmes, qui ont passé presque inaperçus. Cependant si l’on n’exige point ici des précisions impossibles, les commencements de la philosophie grecque doivent nous paraître assez clairs pour qu’il n’y ait aucun motif plausible d’en douter. Thalès était de Milet ; et l’histoire a constaté sa présence à l’armée d’un des rois de Lydie, vers la fin du Vie siècle avant notre ère. Un peu plus tard que lui, Pythagore, rentré, après de longs voyages, à Samos, sa patrie, la fuit pour éviter la tyrannie de Polycrate, qui l’opprime,