Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une autre voie que son maître ; il dénature, et il exagère ses idées, peut-être sous l’influence de cet esprit général de la Grande-Grèce, qui inventait alors l’art de la rhétorique en Sicile, et qui déjà poussait à l’excès les théories Pythagoriciennes sur les nombres.

Ce n’est pas là l’esprit de Xénophane, autant qu’on en peut juger par les fragments qui nous restent de lui, et par le traité même dont je donne la traduction, Selon moi, voici le point de vue auquel il convient de se placer pour apprécier au vrai la valeur ou l’insuffisance de ces doctrines, s’essayant alors, et mal affermies dans l’intelligence des hommes qui s’éveillait.

Le premier coup-d’œil jeté sur la nature, au milieu de laquelle nous vivons, nous en montre tout d’abord l’unité ; ce n’est que plus tard, et par l’effort de l’analyse, que nous distinguons des parties diverses dans cet ensemble et dans cette totalité, dont la splendeur nous éblouit et dont l’étendue nous frappe et nous déconcerte. L’Inde, soit antérieure, soit postérieure à la philosophie Grecque, n’a jamais pu sortir de cette impression accablante de l’unité ; elle s’y est absorbée tout entière, et la science. proprement dite lui est demeurée absolument étrangère durant toute son existence. Des théories plus ou moins hardies, des intuitions plus ou