Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/176

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son dernier terme. Mais, encore une fois, je n’ai point à m’occuper ni de Zénon ni de Parménide ; et j’en arrive à Mélissus, que je dois seul étudier encore après Xénophane.

Mélissus, quoique séparé du chef de l’école par trois ou quatre générations, est plus fidèle à son exemple et à ses enseignements. Seulement, au lieu de rester attaché au Dieu de Xénophane, éternel, un, tout puissant et peut-être aussi tout intelligent, il dévie ; à la place de Dieu, c’est à l’être qu’il s’adresse, l’être pris dans toute son abstraction et dans toute sa stérilité. Mais les spéculations du métaphysicien, bien qu’elles ne soient plus aussi justes, n’en sont pas moins encore d’une beauté et d’une profondeur singulières.

L’être ne peut venir de l’être ; car alors, il se précéderait lui-même, ce qui est contradictoire. Ce qui ne le serait pas moins, c’est qu’il pût venir du néant. L’être n’a donc pas été produit à un instant quelconque ; l’être est donc éternel. Il ne peut pas davantage être détruit ni finir ; car ou il se changerait en néant, ce qui est impossible ; ou il se changerait en un autre être, ce qui n’est plus périr. L’être a donc toujours été, et il sera toujours. S’il n’a pas été produit, il n’a pas de commencement ; s’il ne peut être anéanti, il n’a pas de fin. Or, sans fin et sans commencement, il est précisément infini. S’il est