Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/178

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à fait dignes de celui à qui on les attribue, et de l’école dont il fait partie. Elles sont sans contredit fausses à quelques égards ; mais au travers même de ces ruines et de ces fragments, on sent une grandeur et une puissance que l’histoire de la philosophie, à commencer peut-être par Aristote, n’a pas toujours appréciées avec assez de justice.

J’avoue qu’après Xénophane, après Mélissus, Anaxagore, me semble plus explicable. Anaxagore, contemporain du général de Samos, est venu éclairer la physique, et la cosmologie de son temps, en introduisant cette féconde idée de l’univers régi par l’Intelligence. On sait l’admiration de Socrate pour cette doctrine, quoiqu’Anaxagore, à son avis, n’en eût pas tiré tout ce qu’elle contenait ; on sait l’éloge magnifique d’Aristote, disant qu’après tant d’aberrations, Anaxagore faisait l’effet d’un homme de bon sens venant parler raison au milieu d’insensés (43)[1]. Il serait inique de diminuer la gloire d’Anaxagore et de la contester contre Socrate et Aristote ; elle lui appartient bien toute entière, et ce n’est pas la première fois qu’un mot de génie a été comme une révélation. Mais on peut trouver que Xénophane et même Mélissus l’avaient préparée par

  1. Aristote, Métaphysique, livre I, ch. 3, traduction de M. Victor Cousin, Fragments philosophiques, 5e édition, page 204.