Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il nous faut, comme pour tout le reste, considérer à part leurs causes et leurs rapports. Nous aurons aussi, en traitant de l’accroissement et de l’altération, à voir ce qu’est chacun de ces phénomènes, et à examiner si la nature de la production et celle de l’altération sont les mêmes, ou si elles sont distinctes en réalité, comme elles le sont par les noms qui les désignent.

§ 2.[1] Parmi les anciens, les uns ont pensé que ce qu’on appelle production absolue n’est qu’une altération ; les autres ont pensé que la production des choses et l’altération sont des phénomènes différents. Ceux qui prétendent que l’univers est un tout uniforme, et qui font sortir toutes les choses d’un seul et même principe, ceux-là doivent

    par la nature. Aristote exclut tous ceux que peut former ou détruire l’industrie humaine ; ces derniers corps peuvent d’ailleurs être l’objet d’une étude spéciale. — Leurs causes et leurs rapports, le mot grec que je rends par celui de Rapports, est très vague aussi ; et Philopon, en essayant de l’expliquer, n’est pas parvenu à l’éclaircir. Le mot de Modification pourrait convenir peut-être aussi. — De l’accroissement et de l’altération, il faut voir la définition de ces mots dans la Physique, livre IV, ch. 3, § 7, et livre V, ch. 3, § 11 et passim. L’accroissement est un mouvement dans la quantité ; l’altération est un mouvement dans la qualité. — La production et l’altération, la production proprement dite est le passage du non-être à l’être ; l’altération n’est qu’un simple changement dans l’être qui existe déjà. — En réalité, j’ai ajouté ces mots pour compléter le pensée. Pour mieux faire comprendre la différence de la production et de l’altération, Philopon cite un vers d’Homère ; mais l’autorité d’Homère n’a guère de poids dans ces distinctions verbales et métaphysiques.

  1. § 2. Parmi les anciens, on va voir qu’Aristote entend désigner, en disant les anciens : Empédocle, Anaxagore, Leucippe, Démocrite, etc. — Production absolue, c’est-à-dire, le passage du néant à l’existence. — N’est qu’une altération, confondant ainsi les deux phénomènes de la production et de l’altération. — Sont des phénomènes différents, cette opinion est la seule vraie ; la production et l’altération ne peuvent se confondre. — Que l’univers est un tout uniforme, ou bien qu’il n’y a qu’un seul et unique élément, qui compose