Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/223

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C’est ainsi que l’air et le vent existent moins, comme corps, si l’on s’en rapporte au simple témoignage des sens ; et voilà pourquoi l’on croit que les choses qui sont détruites absolument, se détruisent en se changeant en ces éléments, tandis que l’on croit que les choses naissent et se produisent, quand elles se changent en quelque élément qu’on puisse toucher ; et par exemple, en terre. Mais dans la vérité, ces deux éléments sont substance et espèce, bien plus que la terre elle-même.

§ 15.[1] On a donc expliqué ce qui fait qu’il y a la production absolue, en tant que destruction de quelque chose, et la destruction absolue, en tant que production de quelque chose aussi. Cela tient en effet à ce que la matière est différente, soit parce que l’une est substance, tandis que l’autre ne l’est pas, soit parce que l’une est davantage, et que l’autre est moins, ou bien enfin que la matière d’où vient

    la simple apparence. » — Existent moins comme corps, le texte dit précisément : « sont moins. » — Au simple témoignage des sens, attendu que l’air et le vent se sentent moins que les éléments plus grossiers de la terre et de l’eau. — En ces éléments, de l’air et du vent. — Par exemple, j’ai ajouté ces mots, qui complètent la pensée. —— Et espèce, ou forme. Le mot du texte n’est pas plus précis que celui que j’ai dû employer. — Bien plus que la terre elle-même, il aurait peut-être fallu donner la raison de cette théorie, qui, à première vue, semble paradoxale. Philopon prétend que l’air est en réalité plus substance que la terre, parce qu’il l’entoure et qu’il a en outre le caractère de la chaleur, qui le spécifie davantage.

  1. § 15. On a donc expliqué, l’explication n’a pas été aussi claire qu’on peut le désirer ; et le résumé qui est donné ici peut paraître un peu prématuré. — Qu’il y a, il semble qu’il vaudrait mieux dire : « que l’on croit qu’il y a. » Mais je n’ai pas osé risquer ce changement. — La matière, l’expression du texte est tout aussi indéterminée que celle dont je me sers dans la traduction. On peut demander : La matière de quoi ? — L’une, des deux choses, sous-entendu. — Est substance, c’est-à-dire, un objet individuel et spécial. — Est davantage, en d’autres termes : « l’une a une existence plus prononcée, et l’autre une existence