Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/231

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précisément ce qu’on appelle une altération.

§ 5.[1] Lors donc que le changement d’un terme contraire à l’autre se fait en quantité, c’est augmentation et diminution ; quand c’est dans le lieu, c’est translation ; quand c’est en propriété spéciale et en qualité, c’est altération proprement dite. Mais lorsque rien ne demeure absolument du sujet, dont l’un des contraires est une affection ou un accident, c’est qu’il y a production, d’une part, et destruction, d’autre part.

§ 6.[2] Or c’est la matière qui est, éminemment et par excellence, le sujet susceptible de la production et de la destruction ; et en un certain sens, elle est aussi ce qui subit les autres espèces de changements, parce que tous les sujets, quels qu’ils soient, sont susceptibles de certaines oppositions par contraires. Du reste, nous nous arrêtons ici, dans ce que nous avions à dire sur la production et la destruction, et aussi sur l’altération, pour expliquer si elles sont ou ne sont pas, et comment elles sont.

    au sens absolu et substantiel.

  1. §5. D’un terme contraire à l’autre, le texte dit précisément, « de la contrariété ; » voir les Catégories, ch. 10 et 11, page 109 de ma traduction, pour la différence des opposés et des contraires. — C’est augmentation et diminution, l’être alors change de quantité. — C’est translation, l’être alors change simplement de lieu. — En propriété spéciale, ou « en affection. » - Proprement dite, j’ai ajouté ces mots, pour préciser le sens.
  2. § 6. C’est la matière, en la prenant d’une façon tout à fait indéterminée, comme dans le 1er livre de la Physique, ch. 8, page 473 de ma traduction. — Éminemment, ou « à proprement parler. » - De la production et de la destruction, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas. — En un certain sens, d’une manière détournée et non plus d’une manière propre. — Les autres espèces de changements, augmentation et diminution, translation, altération. Philopon remarque, avec raison, qu’Aristote ne s’est exprimé nulle part plus nettement qu’ici sur la définition de la matière, qui est toujours si difficile.