Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/235

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séparée en elle-même ? Ou vient-il de la matière qui serait dans un autre corps ? Mais ces deux manières de comprendre l’accroissement, ne sont-elles pas également impossibles ? Si en effet la matière de l’accroissement est isolée, ou elle n’occupera aucune portion de l’espace, ou elle sera comme un point, ou bien elle ne sera que du vide ; et ce sera un corps non-perceptible à nos sens. Dans l’une de ces deux suppositions, elle ne peut pas être ; et dans l’autre, elle doit exister nécessairement dans un lieu ; car ce qui en provient doit toujours être quelque part, de telle sorte que ce corps y est aussi, ou par lui-même, ou indirectement.

§ 5.[1] Mais si l’on suppose que la matière est dans un corps, et qu’elle y soit séparée, de manière qu’elle ne fasse point partie de ce corps, ni par elle-même, ni par accident, il résultera de cette hypothèse une foule d’impossibilités manifestes. Je m’explique : par exemple, s’il se forme de l’air, venant de l’eau, ce ne sera pas parce que l’eau change, mais parce que la matière de l’air sera renfermée dans l’eau, qui le produit, comme dans une

    séparée, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. On ne voit pas bien d’ailleurs comment la matière peut être isolée et séparée, sans former un corps. — De comprendre l’accroissement, j’ai ajouté ces mots, pour compléter la pensée. — Aucune portion de l’espace, ou « aucun lieu. » - Elle ne peut pas être, le texte n’est pas aussi formel. — Quelque sorte, même observation. — Ce qui en provient, l’expression est bien vague ; mais celle du texte ne l’est pas moins. — De telle sorte que ce corps, ou plutôt « cette matière » isolée, d’où le corps réel devra sortir. — Ou indirectement, le texte dit précisément. « Ou par accident. » Il faut toujours se rappeler qu’il s’agit ici de la matière de l’accroissement, et non de la matière en général.

  1. § 5. Dans un corps, l’expression du texte est indéterminée, et dit seulement : « dans quelque chose. » On doit sous-entendre, d’ailleurs, que la matière est dans un corps qui s’accroît, comme le prouve l’exemple qui suit, où l’air se forme en sortant de l’eau. — Parce que l’eau change, ce qui est l’explication vulgaire et toute naturelle. — Comme dans une espèce de vase, d’où elle n’a plus