Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et persiste, et que rien ne peut s’accroître sans que quelque chose ne vienne s’y ajouter, ni diminuer sans que quelque chose n’en sorte ; que de plus tout point sensible quelconque du corps accru ou diminué est devenu ou plus grand ou plus petit ; que le corps n’est pas vide ; que deux corps ne peuvent jamais être dans le même lieu ; et enfin que le corps où l’accroissement se produit, ne peut pas s’accroître par de l’incorporel.

§ 14.[1] Nous arriverons à la solution cherchée, en admettant d’abord que les corps à parties non-similaires peuvent s’accroître, parce que ce sont les corps à parties similaires qui s’accroissent ; car les premiers ne sont composés que des seconds. Il faut ensuite remarquer que, quand on parle de la chair et de l’os, et de toute autre partie analogue des corps, ceci peut se prendre en un double sens, comme pour toutes les

    - Sensible, c’est-à-dire, matériel. Philopon insiste sur l’importance de ce mot, sans lequel la pensée ne serait pas assez juste, selon lui. — Que le cops n’est pas vide, il ne paraît pas qu’il y ait ici de variantes, comme plus haut, au § 7. — Deux corps ne peuvent jamais être dans le même lieu, c’est ce que nous appelons aujourd’hui l’impénétrabilité des corps. — Par de l’incorporel, j’ai conservé la généralité de l’expression grecque, qui se comprend assez.

  1. § 14. Les corps à parties non similaires, les commentateurs grecs citent en exemples, le visage, la main, etc., qui s’accroissent, parce que la chair, le sang, les os, corps à parties similaires viennent à s’accroître, et non pas parce qu’un visage ou une main viendraient s’y joindre de toutes pièces ; voir plus bas, § 15. — Car les premiers ne sont composés que des seconds, on sait que c’est là le système d’Anaxagore sur les Homoeméries. On peut voir aussi le début de l’Histoire des animaux. Les corps à parties similaires sont ceux où les parties sont toujours les mêmes, et où elles sont identiques au tout. Ainsi, une particule de sang est toujours du sang ; une partie d’os est toujours de l’os ; mais la partie de la main n’est pas une main ; la partie du visage n’est pas un visage ; et voilà pourquoi ces corps-là sont composés de parties non-similaires. — En un double sens, qui sera expliqué plus bas. On peut entendre à la fois, et que c’est la matière qui s’accroît, ou que c’est simplement la forme. — Leur