Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/27

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des Dryopes, des Phocidiens, des Molosses, des Arcadiens, des Pélasges, des Doriens d’Épidaure, et une foule d’autres. Toutes ces peuplades étaient sur le pied de l’égalité ; mais cependant les Ioniens qui descendaient des prytanes d’Athènes passaient pour les plus nobles, sans avoir d’ailleurs aucune prééminence réelle. Le surnom d’Ioniens était même à cette époque, et plus tard aussi, très peu relevé ; les Athéniens en rougissaient, et les Milésiens, quand ils furent à l’apogée de leur puissance, aimaient à se séparer du reste de la confédération, qui jouissait toujours d’une assez faible estime. De leur côté, les Ioniens se faisaient vanité de leur origine ; et ils célébraient avec persévérance les Apatouries Athéniennes, fêtes intimes de la famille et de la phratrie, excepté ceux de Colophon et d’Éphèse, qui en avaient été privés par suite d’un meurtre sacrilège qu’ils avaient commis.

L’émigration d’ailleurs, quoique conduite par des fils de roi, n’était pas facile. Les fugitifs qui abordèrent à Milet n’avaient point amené de femmes avec eux. Ils s’en procurèrent par la violence ; ils tuèrent les parents, les maris et les enfants de quelques Cariennes, et se firent ainsi des épouses de celles qu’ils avaient épargnées dans le massacre. Mais pour se venger, les femmes de Carie jurèrent de ne jamais manger avec leurs féroces conquérants