Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mélange, résultant des deux, ou n’est pas du tout plus considérable, ou ne l’est guère davantage. C’est ce qui arrive pour l’étain mêlé à l’airain ; car, il y a certains corps qui sont assez indécis les uns à l’égard des autres, et sont d’une nature ambiguë. On peut observer que ces corps-là ne se mêlent qu’imparfaitement et dans une certaine mesure ; on dirait que l’un est un simple réceptacle, tandis que l’autre est la forme. C’est là justement ce qui arrive pour ces deux corps qui viennent d’être nommés ; car, l’étain qui est comme une simple affection de l’airain sans matière, disparaît presque complètement et s’évanouit par le mélange, auquel il ne fait que donner une certaine couleur. Le même phénomène arrive aussi pour d’autres corps.

§ 12.[1] On voit donc, d’après tous les détails précédents, que le mélange est possible et ce qu’il est ; on voit comment il se produit, et quelles sont les choses entre lesquelles il peut avoir lieu. Ce sont celles qui peuvent souffrir

    mélangés agit vivement sur l’autre, et l’absorbe de manière à le faire disparaître. — N’est pas du tout plus considérable, parce que l’un des deux disparaît à peu près complètement dans la fusion. — Assez indécis, le texte emploie ici une expression toute métaphorique, et dit : « bégayent. » Je n’ai pas pu trouver d’équivalent dans notre langue. Cette métaphore est assez hardie, et Philopon en paraît aussi un peu étonné. Du reste, l’exemple cité fait bien comprendre le sens de ce passage. — Ne se mêlent qu’imparfaitement, et ce n’est pas alors un véritable mélange, puisque l’un des deux corps disparaît presque tout à fait. — Est la forme, ou l’espèce. — Qui viennent d’être nommés, j’ai ajouté ces mots pour compléter la pensée. — Une simple affection sans matière, c’est-à-dire, la forme ou l’espèce, qui modifie le mélange sans en changer absolument la nature. Ceci doit paraître trop subtil. — Une certaine couleur, qui n’est pas celle de l’étain, et qui n’altère que légèrement celle de l’airain.

  1. § 12. On voit donc, résumé assez exact de toute cette théorie du mélange. — Que le mélange est possible, voir, plus haut, § 2. — Et ce qu’il est, d’après les théories particulières