Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/404

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chose doit être éternel, puisque, selon lui, il est impossible que jamais quelque chose naisse de rien. Soit en effet que tout ait été créé, soit que tout ne l’ait pas été, il n’en faut pas moins, dans les deux suppositions, que celles des choses qui ont été créées soient sorties de rien, puis qu’aucune de toutes les choses qui ont été ainsi produites n’existaient auparavant.

§ 2.[1] Que si l’on dit que, certaines choses existant préalablement, d’autres choses sont venues s’y joindre, il en résulte que le tout, qui est un, a dû s’accroître en nombre et en quantité. Or cela même par quoi il devient plus nombreux et plus grand doit venir d’abord de rien ; car le plus ne peut pas être dans le moins, ni le plus grand dans le plus petit.

§ 3.[2] Du moment que le tout est éternel, il doit être par cela même infini, parce qu’il n’y a pas de principe d’où il pourrait venir, pas plus qu’il n’y a de fin où parvenant il pût jamais finir. Tout infini doit nécessairement être un ; car s’il y avait plusieurs infinis, ou même deux infinis, ils se serviraient mutuellement de limites les uns aux autres.

§ 4.[3] Étant un, il doit être semblable dans toutes ses

    chose existe, voir plus loin, les Fragments de Mélissus, fragment I. -Selon lui, j’ai ajouté ces mots, pour rendre toute la force de l’expression grecque. — Soit que tout ne l’ait pas été, et qu’il n’y ait qu’un certain nombre de choses qui aient été créées. — Dans les deux suppositions, le texte n’est pas tout à fait aussi formel. — Qui ont été ainsi produites, et qui, par conséquent, ne sont pas éternelles.

  1. § 2. Que le tout, qui est un, le texte dit simplement : « L’un. » - En nombre et en quantité, l’original dit : « Devenir multiple et plus grand. »
  2. § 3. Le tout est éternel, voir plus loin les Fragments de Mélissus, fragm. 2 et 3. — Par cela même infini, c’est presqu’une tautologie ; car l’éternel n’est que l’infini en durée. — Ils se serviraient mutuellement de limites, ce sont les expressions mêmes que rapporte Simplicius ; voir plus loin, Fragments de Mélissus, fragm. 3 ; et aussi, fragm. 10.
  3. § 4. Il doit être semblable à lui-même,