Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/411

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dit est possible ou impossible. Mais un point auquel nous devons donner quelque attention, c’est de savoir si de telles conclusions résultent régulièrement de ses hypothèses, ou si les choses ne peuvent pas être tout aussi bien l’opposé de ce qu’il croit ; car il se peut certainement que la réalité soit toute différente.

§ 2.[1] Ainsi, il pose d’abord que rien ne peut venir de ce qui n’est pas. Mais on peut demander : Est-il donc nécessaire que toutes choses sans exception soient incréées ? Ou bien, ne se peut-il pas aussi que les choses viennent les unes des autres, et que cette série puisse aller à l’infini ? Ou encore, ne peut-il pas se former ici un retour circulaire, de telle sorte que l’un vienne de l’autre, qu’il existe ainsi toujours quelque être, et que chacun ait pu sortir ainsi, en nombre infini de fois, de tous les autres réciproquement ? En ce sens, rien n’empêcherait que tout eût été créé et fût devenu, en admettant même cette hypothèse que rien ne

    dit Mélissus. J’ai conservé l’indécision du texte, qui n’a pas de désignation personnelle. — Quelque attention, ou peut-être « une sérieuse attention. » - De ses hypothèses, ou « des principes qu’il admet. »

  1. § 2. Ainsi, il pose d’abord, le texte n’est pas aussi précis, et il dit d’une manière plus générale : « étant d’abord posé que etc. » - Sans exception, j’ai ajouté ces mots, pour rendre toute la force de l’expression grecque. — Soient incréées, voir plus haut, § 1, où cette réserve a été faite. Certaines choses sont éternelles et incréées ; certaines autres ne le sont pas. — Les choses viennent les unes des autres, ceci est possible sans doute ; mais il faut d’abord supposer l’existence de centaines choses, qui sont par conséquent éternelles. Cette objection ne porte pas assez directement contre la théorie de Mélissus. — Un retour circulaire, c’est en d’autres termes, ce qui vient d’être dit. Mais la production pour être réciproque, doit être nécessairement précédée d’une existence quelconque, qui peut n’être pas durable et éternelle. — Qu’il existe ainsi toujours quelqu’être, passager et transitoire. Mais du moins la succession est éternelle, si les êtres ne le sont pas. — » Tout eût été créé, dans la succession, mais non pas à l’origine.