Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/93

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accueil. Quand Périclès descendit de la tribune, toutes les femmes, dans leur émotion reconnaissante, se précipitèrent vers lui pour l’embrasser, elle couronnèrent de fleurs et de bandelettes, comme un athlète revenu victorieux des jeux publics. Une seule femme dans la foule ne partagea pas cette admiration unanime. C’était Elpinice, la sœur de Cimon, qui avait été longtemps le rival de Périclès :


« Vraiment, lui dit-elle, voilà des exploits bien glorieux et qui méritent certainement tant de couronnes ! Nous avons perdu de braves citoyens, non en faisant la guerre aux Phéniciens ou aux Mèdes, comme la fit mon frère Cimon, mais en ruinant et détruisant de fond en comble une ville alliée, qui tirait de nous son origine.  »


La critique n’était que trop vraie ; mais le triomphe enivrait les vainqueurs ; le destin de Samos n’était qu’un prélude de celui qui attendait bien d’autres cités grecques, dans la grande guerre que prévoyait déjà Périclès. Lui aussi il paraissait touché de son succès plus qu’il ne convenait à la modération habituelle de son caractère. Si l’on en croit le poète Ion de Chios, il se vantait d’avoir surpassé le fameux Agamemnon, qui avait mis dix ans à prendre une ville étrangère, tandis qu’il n’avait mis que neuf mois à prendre la plus riche et la plus puissante des villes de l’Ionie. Le mot de Périclès,