Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/99

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Cyrus, qui, malgré sa jeunesse, jouit déjà parmi les Perses d’une autorité d’où sortira tout à l’heure un vaste empire. Harpagus ne pouvant communiquer directement avec le jeune prince, qui a aussi bien des griefs à venger, lui fait porter par un serviteur affidé quelques produits de sa chasse ; et dans le ventre d’un lièvre qu’il lui envoie, il coud et cache une lettre pour le pousser à la révolte et l’assurer de sa coopération. Que fait Cyrus ? Comme il a ouvert le lièvre de sa propre main, ainsi que son complice le lui avait fait dire, et qu’il a lu la lettre hors de la présence de qui que ce soit, il fabrique une autre lettre, dans laquelle Astyage le nomme chef des Perses, alors soumis aux Mèdes. Cette lettre fausse est lue aux membres de la famille des Achéménides ; elle les persuade, et Cyrus les mène à leur insu contre Astyage, qu’il renverse[1]. Harpagus et Cyrus ne sont cependant que des barbares. Mais voici des gens plus cultivés dans l’Asie mineure et dans l’Égypte.

Polycrate, tyran de Samos, est sur le trône ; sa prospérité est au comble ; et le monde, qui l’admire on le craint, adore tant d’habileté et tant de fortune. Le sage Amasis, roi d’Égypte, qui est entré en relation d’alliance et même d’amitié avec le tyran heureux

  1. Hérodote, livre I, chap. 123 et suivants.