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LIVRE IX.

que chose qu’on ne puisse point rapporter à autre chose en disant qu’il est de cela, ce sera la matière première : si la terre est d’air, si l’air n’est pas feu mais de feu, le feu sera la matière première, le cela[1], la substance. C’est par là que différent l’universel et le sujet ; l’un est un être réel, mais non pas l’autre : ainsi, l’homme, le corps, l’âme, sont les sujets des diverses modifications ; la modification c’est le musicien, le blanc. Lorsque la musique est une qualité de tel sujet, on ne dit pas qu’il est musique, mais musicien ; on ne dit pas que l’homme est blancheur, mais qu’il est blanc ; qu’il est marche, ou mouvement, mais qu’il est en marche ou en mouvement ; comme on dit que l’être est de cela. Les êtres qui sont dans ce cas, les êtres premiers sont des substances ; les autres ne sont que des formes, que le sujet déterminé ; le sujet premier, c’est la matière et la substance matérielle. Et c’est avec raison qu’on ne dit point, en parlant de la matière, non plus qu’en parlant des modifications, qu’elles sont de cela ; car la matière et les modifications sont également indéterminées.

Nous avons vu quand il faut dire qu’une chose en contient une autre en puissance, et quand elle ne la contient pas.

  1. Τόδε τι. Il ne faut pas dans ce passage expliquer rigoureusement cette expression ; il ne s’agit pas de l’essence, de la figure sensible, mais du sujet, de ce dont on dit cela, de ce qui ne se rapporte pas à autre chose. C’est en un mot, sauf une légère modification, le τόδε de tout à l’heure, dans son opposition avec ἐϰείνινον. Si l’on entendait par τόδε τι l’être déterminé, on tomberait dans l’erreur, car Aristote dit à la fin de ce passage que la matière et les qualités sont complètement indéterminées, ἄμφω γὰρ ἀόριστα : désignant par le mot matière ce qu’il vient de nommer τόδε τι.