Page:Ark-12148-bpt6k57483573 Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres.pdf/554

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de fes Sujets de faire les mêmes tentatives; mais qu'après avoir couru la mer pendant un mois fans rien découvrir, ils étoient revenus aux Canaries.

Ces navigations fingulières des Arabes, & principalement des habitans des Canaries, nous font foupçonner que quelques autres de ces Infulaires, auffi hardis mais plus heureux, ont pû parvenir jufqu'en Amérique, puifqu'ils avoient le courage de s'abandonner avec leurs vaiffeaux fur cette vafte mer, quoiqu'ils n'euffent aucune connoiffance de la bouffole, & que nous les regardions comme peu verfés dans l'art de la navigation.

D'autres Arabes & les habitans du Sénégal connoiffoient auffi dans le même temps les ifles du cap Verd. Nous ne voyons dans aucun écrivain que les Arabes en particulier aient. pénétré plus loin. C'étoit cependant s'approcher affez des terres de l'Amérique, & s'ils n'ont pas été affez. hardis pour s'y rendre directement, plufieurs de ceux qui couroient cette. mer, comme nous venons de le faire voir, ont pû y être portés par les tempêtes, puiſqu'aux ifles Açores, qui font au même degré, on rencontre fouvent des morceaux de bois & des cadavres repouffés des côtes de l'Amérique; c'eſt ce qui fit naître à Chriftophe Colomb des foupçons qu'il devoit avoir des terres voifines des Açores.

Après cet expoſé, nous voyons que les peuples les plus barbares étoient affez habiles dans l'art de la navigation pour. aller dans des ifles. très-éloignées, & par une fuite néceffàire, fe rendre juſqu'en Amérique ; mais: mon deffein n'eſt pas. d'épuiſer cette matière. Nous ne pourrions y parvenir qu'après une exacte connoiffance du globe, & la découverte des terres. Auftrales. Il me ſuffit d'avoir. raffemblé, fur les navigations des. Chinois dans la mer du fud & vers l'Amérique, ce qui étoit. épars dans leurs Géographes, & d'avoir fait en conféquence. quelques réflexions fur.le paffage des colonies en Amérique.