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PRÉFACE

poissons; des arbres transformés en enchanteresses ; un perroquet chantant des chansons ; et un héros chrétien adressant une prière à Vénus, qui la porte au pied du trône de Jésus-Christ. J’ai dû me garder d’imiter un pareil merveilleux, et je crois qu’Aristote a pu se tromper, lorsqu’il a dit « Il faut que l’admirable dans l’épopée aille jusqu’au déraisonnable : ce qui passe les bornes de la raison produit le merveilleux. »

M. de Chateaubriand, parlant de la Henriade, s’écrie :– « Est-ce que cette France à demi barbare n’étoit plus même alors assez couverte de forêts, pour qu’on n’y rencontrât pas quelques uns de ces châteaux du vieux temps, des souterrains, des tours verdies par le lierre, et pleines d’histoires merveilleuses ? Ne pouvoit-on trouver quelque temple gothique, dans une vallée, au milieu des bois ? Les montagnes de la Navarre n’avoient-elles pas encore quelque druïde qui, sous le chaume, au bord d’un torrent, au murmure des ondes, chantoit les souvenirs des Gaules, et pleuroit sur la tombe des héros ?.. »