Page:Arlincourt - Le solitaire.djvu/37

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ment coulé ses jours en Helvétie ; un seul évènement avait troublé sa vie et déchiré son cœur. L’ami de son enfance, le prieur d’Underlach, fut massacré sous ses yeux par les soldats de Charles-le-Téméraire ; et lui-même n’échappa, que par miracle, à la fureur des Bourguignons.

Anselme possédait toutes les vertus évangéliques des pasteurs du premier âge, mais il y joignait l’intolérante sévérité des prêtres du quinzième siècle. En suivant l’impulsion de son cœur, Anselme se montrait toujours un apôtre indulgent ; mais en suivant la ligne de ses principes, Anselme était parfois un ministre fanatique. Il ressemblait habituellement au ruisseau paisible qui roule une onde bienfaisante ; et cependant, tel qu’un volcan embrasé, saisi d’une inspiration soudaine, il pouvait, sr les mortels égarés, lancer les éclairs et la foudre. Doué d’une sensibilité profonde