Page:Armand - La vie comme expérience ; Fierté, 1922.djvu/5

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qu’autrui apprendra par ses péripéties à comment vivre plus pleinement, plus largement, — qu’elles lui donneront le goût de ceindre ses reins, de saisir son bâton et de prendre, lui aussi, la route.

Je pense que l’Expérience qui profite uniquement à celui qui la tente manque en partie son but ; c’est comme le procédé nouveau que découvrirait un savant et dont il verrouillerait la formule dans le coffre-fort de sa mémoire. L’effort, l’expérience ne réalisent leur puissance de rayonnement et ne procurent jamais autant de jouissance intellectuelle que dans la mesure où ils sont exposés devant le monde, le monde des altérés et des affamés, tel un breuvage ou une nourriture. Peu importe ensuite que ceux qui n’en veulent pas user se détournent en haussant les épaules. L’œuvre de propagande n’en est pas moins accomplie : l’œuvre féconde qui émane du moi de l’individu-foyer pour aboutir au hors-moi, pour illuminer l’ensemble social, l’œuvre de distinction et de sélection personnelle dans les masses.

Naturellement, force est, pour être exposé et raconté, que le voyage à la conquête de l’expérience en vaille la peine.