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LA MAISON DE GRANIT


Je ne sais plus que j’ai souffert ; la vie est belle ;
Le ciel est une fleur de saphir au cœur d’or…
Mon âme est une mer calme où la barque frêle,
Sans crainte des récifs, peut errer loin du port ;

Tandis que, sur les bords du tranquille rivage,
Toutes blanches parmi les cyprès de velours,
Les paisibles maisons que n’atteint pas l’orage
S’ouvrent pour le repos des merveilleux retours.

Et, sur le mont sacré qui domine l’espace,
Pensive, sous les plis du voile de l’azur,
Une fière statue au noble geste trace
La route des sommets où souffle un air plus pur.

Je vais la suivre, elle m’attire et je t’oublie,
Ô toi, mon cher amour, qui m’enchaînais au sol ;
Secouant le fardeau de sa mélancolie,
Vers les plaines du ciel mon âme prend son vol.