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LA MAISON DE GRANIT


Viens là ! bien près, tout près ! Cette place fut vide
Si longtemps ! Je voulais ne la donner qu’à toi !
Ce soir tu m’appartiens ! Reste ! Je suis avide
De t’avoir à moi seule un moment sous mon toit.

Si, pour mieux t’accueillir, mes mains doivent se tendre,
Pour t'enchaîner, jamais ne s’ouvriront mes bras ;
Tu seras près de moi, souriant, sans entendre
Le bruit que fait mon cœur au seul bruit de tes pas.

Mais je m’enivrerai de ta chère présence !
Je ne demande rien ; et, malgré la rigueur
Du sort, qui fit mes jours si pleins de ton absence,
Je t’aimerai dans le silence de mon cœur.

Je remplirai mes yeux de toi, de ton visage ;
Je boirai ton regard, ton beau regard de fleur ;
Je mettrai sur mon cœur le sceau de ton image ;
J’oublierai près de toi la joie et la douleur.