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LA MAISON DE GRANIT

Je VOUS ai retrouvée à l’heure du silence,
Près du jardin secret où le rêve fleurit ;
Quand le soir aux doigts bleus nous caresse et sourit,
Dans l’ombre votre pas mystérieux s’avance.

Vous êtes belle et grave et redoutable, ô sœur !
Vous descendez la vie avec nous, côte à côte,
Et, dans le cœur ardent que vous prenez pour hôte,
Glisse comme un poison mortel votre douceur.

Car vous l’engourdissez de voluptés subtiles :
Vous nous faites chérir toujours ce qui fait mal ;
Vous dédaignez le vrai pour chercher l’idéal,
Et vous usez la force en longs rêves stériles.

Nostalgie, ô vous, ma joie et mon tourment,
Angoisse inexprimable et douceur infinie,
Laissez-moi, laissez-moi vivre toute ma vie ;
Détournez de mes yeux votre regard qui ment.