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SI TU M’AVAIS AIMÉE

Et j’ai livré mon être au jardinier mystique
Dont la main fraternelle, où luit l’anneau magique,
Greffe pieusement les fleurs de la douleur,
Pourpre vivante ouverte à l’heure du malheur.
J’ai dédaigné les biens que l’ignorance envie ;
Je n’ai plus craint la mort en regardant la vie ;
Et mes yeux resteront tournés vers l’au-delà
Où ceux qui n’ont jamais vécu leurs plus beaux rêves
Vont, sur les sables d’or des éternelles grèves,
Vers l’ami que, toujours, leur angoisse appela.
Eux seuls ils comprendront le désir qui m’oppresse
De savoir le secret du long sommeil béni
Où l’on peut apaiser ce besoin de tendresse,
Et reprendre tout bas chaque mot de caresse,
Et se rassasier dans un songe infini...
Allons^ il faut partir de ce monde où nous sommes
De pauvres exilés, soupirant vers le port ;
Partir, pour savourer, loin du regard des hommes,
Le beau, le lumineux silence de la mort !