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SI TU M’AVAIS AIMÉE

Et savez-vous l’horreur d’aller vers l'inconnu
Avec l’angoisse qui nous hante
D’entrer au port les mains vides et le cœur nu,
Ou de sombrer dans la tourmente ?

Non, vous ignorez tout de nos rudes destins ;
Vous n’êtes qu’un peu d’eau qui bouge ;
Sur vous passe le vol des désespoirs hautains
Avec le crépuscule rouge.

Tout est vain près de vous, la tristesse, les pleurs
Vous n’entendez pas la parole
Qui vous jette en passant le secret des douleurs
Pour que votre chant les console.

Comme un portail de bronze ouvert sur l’Infini
Dont vous nous cachez le mystère,
Quand vous vous entr’ouvrez on croit voir réuni
Un moment le ciel à la terre.