Page:Arnal - La Maison de granit, Plon-Nourrit.djvu/188

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Je n’ai pas voulu livrer au tombeau,
À la pourriture, à l’ombre, au silence
L’être qui vécut d’une vie intense,
Et le voir tomber lambeau par lambeau.

Je n’ai pas voulu qu’en un peu de cendre
Ce cœur palpitant se trouvât réduit ;
Dans la solitaire horreur de la nuit
Je n’ai pas voulu le laisser descendre.

Et j’ai préféré jeter au passant,
Qui quête en chemin quelque nourriture,
Aux oiseaux du ciel, la rouge pâture
Qui sera demain leur chair et leur sang.

Ils déchireront, âpres, fibre à fibre,
Leur proie ; et, fouillant ses replis secrets,
L’amour, la douleur, l’espoir, les regrets,
Ils sauront comment toute une âme vibre.