Page:Arnaud - De la frequente communion, 1643.djvu/434

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et l’autre d’humilité, marque bien clairement quelles partent de la mesme source. Que le mesme mouvement de la grace, qui inspire de souffrir tres-volontiers la separation de l’eucharistie durant plusieurs mois (comme ce grand empereur la souffrit durant huict mois tous entiers) pour se purifier des pechez mortels par les exercices de la penitence, inspire aussi la devotion de s’en separer durant quelques jours pour des offenses venielles, et quelquefois mesme en des occasions, où il y a plus d’indecence que de peché. Que l’esprit de penitence fait embrasser l’un et l’autre, comme l’esprit d’impenitence les fait souvent rejetter tous deux ; et enfin que la mesme humilité chrestienne porte à ne pas recevoir quelquefois le saint des saints, comme le mesme orgueil humain peut porter à l’aller prendre sur les autels sans aucune crainte, en tout temps, en toute rencontre, et apres toutes sortes de crimes et de pechez. Voila quel estoit le respect et la reverence, qu’une personne reverée de toute la terre, rendoit à l’eucharistie. Voila quel estoit le sentiment si religieux d’un des plus grands empereurs en sagesse et en pieté qui ait gouverné l’empire romain, d’un empereur nourry dans la pureté de la doctrine de l’eglise, instruit dans l’eschole de Saint Ambroise, et publié pour saint apres sa mort, par celuy qui avoit tant servy à le rendre saint durant sa vie.